Bref historique des centres d'instruction belges en France pendant la Première Guerre mondiale, 1ère partie

(hiervoor al verschenen in het Nederlands: http://circuitdusouvenirgrandeguerre.blogspot.be/2018/01/centres-dinstruction-belges-pendant-la.html )

Avant-propos

Au cours de la Première Guerre mondiale, le chef de cabinet du ministre de la Guerre et chef du gouvernement belge Charles de Broqueville réalise deux brochures sur les centres d'instruction de l'armée belge en France. La première brochure couvre les centres d'instruction pour les "armes simples", la seconde traite des "armes spéciales". Il rédige encore une troisième brochure sur le gouvernement belge qui réside depuis le 26 octobre 1914 à Sainte-Adresse, une commune près du Havre.

Les trois brochures de 'Un royaume en exil, la Belgique du dehors' ont été écrites dans un langage riche en images. Maurice des Ombiaux n'est pas un cabinetard ordinaire, il est écrivain et journaliste wallon. Les brochures sont illustrées abondamment avec des photographies du service photographique de l'armée belge montrant des soldats occupés par toutes sortes d'exercices.


Le lecteur s'imagine une machine d'entraînement bien huilée, dirigée par des commandants capables livrant des hommes bien entraînés pour renforcer le front belge à l'Yser. Les brochures servent sans aucun doute de propagande pour montrer, d'une part, aux Belges fuis à l'étranger, d'autre part, aux alliés sur le champ de Bataille que le gouvernement belge et l'armée belge apportent leur contribution.

Dans le cadre des nombreuses commémorations de guerre, l'histoire des centres d'instruction mérite une attention particulière. En plus de l'armée sur le front belge, il y a aussi "l'autre armée" de services auxiliaires (administration, approvisionnement alimentaire, hôpitaux, ateliers, usines de munitions,...), sans lesquels les troupes de front ne peuvent se battre. Depuis octobre 1914, la Belgique est largement occupée par les troupes allemandes et les services d'appui sont installés dans deux régions Françaises, le Calais et la Normandie. Les centres d'instruction en font partie.

Le début

Pendant les premiers mois de la guerre (août - octobre) plus de 20 000 Belges s'enregistrent comme volontaires de guerre. A ce moment, il n'est pas encore question d'une formation approfondie. L'histoire des centres d'instruction commence le 2 octobre 1914, jour où il devient clair que la fortresse d'Anvers ne tiendra pas le coup. Le gouvernement décide de se replier sur Ostende. Ce même jour, le lieutenant-général Antonin de Selliers de Moranville, jusqu'en août 1914 chef d'état-major de l'armée belge, est nommé à la tête d'un organisme nouvellement établi, l'I.G.A. (Inspection Générale de l'Armée). Il est chargé d'organiser la formation des nouvelles recrues sur le sol français.

Les 2 et 3 octobre, 18 000 recrues quittent la ville assiégée d'Anvers en direction du Westhoek. Elles sont regroupées à Dunkerque en France et évacuées par voie maritime entre le 8 et 11 octobre vers les ports français de Cherbourg et de Fécamp. De là, elles sont reparties sur quelques sites en Normandie.

Dans ses memoires, de Selliers de Moranville écrit que, le 13 octobre 1914, il avait reçu du ministre des Finances belge un premier chèque d'un million de francs pour couvrir les frais d'hébergement et d'équipement des soldats belges sur le sol français. Le 19 octobre, il y a déja sept centres d'instruction pour les fantassins en position et un autre, huitième camp où sont entrainés les anciens soldats, avec un total de 22 260 soldats, volontaires de guerre et miliciens.

Lieutenant-général Antonin de Selliers de Moranville

La période héroïque

Dans l'historiographie des années vingt et trente du siècle dernier, l'automne de 1914 est défini comme la "période héroïque" des centres d'instruction. L'improvisation est la règle: une grande partie des recrues porte encore leurs vêtements civils. La pénurie regne: il manque des uniformes, des chaussures, de l'équipement, des armes. L'infrastructure de la plupart des camps est primitive. L'encadrement est incomplet, il y a peu de sous-officiers et d'officiers. Les défis sont donc énormes. La priorité est donnée à l'entraînement des soldats d'infanterie pour absorber les pertes au front. En même temps, une réserve des sous-lieutenants doit être préparée pour diriger les troupes au front. Finalement, le personnel doit être instruit pour les centres d'instruction eux-mêmes. 

Fantassins wallons, centre d'instruction Eu (Seine Inférieure) 1914

Début janvier 1915, plus de 14 000 hommes entrînés furent envoyés au front. La situation dans les centres d'instruction s'améliore progressivement.

A suivre.

Kris Smets

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